30.4.13

Hegel and Deleuze : together again for the first time - edited by Karen Houle and Jim Vernon - Northwestern University, Usa, 2013



Hegel and Deleuze : together again for the first time

Il s'agit des Mémoires de Lafargue témoignant de Marx : «J'ai souvent entendu <Marx> répéter les paroles de Hegel, son maître de jeunesse : Même la pensée criminelle d'un malfaiteur a plus de grandeur et de noblesse que les merveilles du ciel.> [1]
Lukacs reprend la formule dans la dernière section de son livre "Le jeune Hegel" (comme pour réhabiliter Hegel qui passait pour le "chien crevé" de la philosophie). On a sans doute du mal à imaginer Hegel s'engager dans une apologie du meurtre gratuit. Le criminel est évidemment la figure du paria, celui que l'inquisition pourchasse, le révolté dont le Pouvoir se défend et qu'il condamne sous le paravent du Droit comme cela fut le cas des traques, des résistants pourchassés dans l'histoire du monde. C'est l'objet même de mon titre "Une intrigue criminelle de la philosophie -Lire la phénoménologie de l'esprit". Cette idée, on la retrouve évidemment dans la figure de l'esclave dont toutes les morales avait justifié l'aliénation au nom de la charité. Charité des grands s'occupant des incapables, charité magistrale vis à vis d'êtres supposés débiles, sans pouvoir subvenir à eux-mêmes (on retrouve aujourd'hui chez Sloterdijk l'idée de Charité... [2]). Ce sont les "moins que rien" dont les maîtres auraient eut la générosité, l'élégance, de prendre en charge l'existence insane pour pourvoir à leur biens et les prendre sous tutelle.
Devant tant de bêtise, il y a sans conteste une généalogie de la morale pratiquée par le jeune Hegel -d'abord au service des maîtres à Berne qui le traitèrent comme le plus vil des serviteurs. A la différence de Nietzsche qui défend des valeurs aristocratiques (quoique de manière souvent très critiques comme toujours chez lui), Hegel se place du côté des faibles, des offensés (ceux que Foucault appellera "les hommes infâmes). C'est là, sans doute, sa grandeur, Grandeur de Hegel. Il me paraît impensable que Deleuze n'ait pas eu cette pensée au moment où il projetait  d'écrire "Grandeur de Marx". Peut-être même est-ce une des raisons de l'abandon de ce livre, trop contrastant pour relancer la machine à la fin de sa vie [3], et dont Deleuze ne laisse d'ailleurs aucune page, aucune trace (il m'avait dit au téléphone pourtant que le premier chapitre était achevé). Mais cela ne nous empêchera pas d'écrire "et" : Deleuze et Hegel au lieu de Deleuze ou Hegel [4] sachant la force avec laquelle Deleuze a toujours su se mettre en danger...  (philosophe en pleine mer nous revenant avec les yeux rouges)


[1]http://www.marxists.org/archive/lafargue/1890/xx/marx.htm
[2]http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/peter-sloterdijk-la-fiscalite-obligatoire-abolit-le-citoyen-23-02-2012-1435659_326.php Rien de plus étranger à Deleuze à moins de disposer d'un peu de précision conceptuelle sur ce rapport du don à l'impôt dans l'esprit de Sloderdijk.
[3] Au début de "Qu'est-ce que la philosophie?", Deleuze reconnaissait que les grands philosophes sont ceux qui comme Kant sont capables de se mettre en danger en relançant la machine à la fin. C'était le projet de Deleuze, mais sa santé -sa grande santé dans la maladie- n'était plus à la hauteur de cette tâche.
[4]http://www.worldcat.org/title/hegel-and-deleuze-together-again-for-the-first-time/oclc/809989038

             
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Hegel and Deleuze cannily examines the various resonances and dissonances between these two major philosophers. The collection represents the best in contemporary international scholarship on G. W. F. Hegel and Gilles Deleuze, and the contributing authors inhabit the as-yet uncharted space between the two thinkers, collectively addressing most of the major tensions and resonances between their ideas and laying a solid ground for future scholarship. The essays are organized thematically into two groups: those that maintain a firm but nuanced disjunction or opposition between Hegel and Deleuze, and those that chart possible connections, syntheses, or both. As is clear from this range of texts, the challenges involved in grasping, appraising, appropriating, and developing the systems of Deleuze and Hegel are varied and immense. While neither Hegel nor Deleuze gets the last word, the contributors ably demonstrate that partisans of either can no longer ignore the voice of the other.

Contents: 

Part 1. Disjunction/contradiction --
1. At the crossroads of philosophy and religion: Deleuze's critique of Hegel / Brent Adkins --
2. Negation, disjunction, and a new theory of forces: Deleuze's critique of Hegel / Nathan Widder --
3. Hegel and Deleuze: difference or contradiction? / Anne Sauvagnargues --
4. The logic of the rhizome in the work of Hegel and Deleuze / Henry Somers-Hall --
5. Actualization: enrichment and loss / Bruce Baugh --
6. Political bodies without organs: on Hegel's ideal state and Deleuzian micropolitics / Pheng Cheah --
7. Deleuze and Hegel on the logic of relations / Jim Vernon --


Part 2. Connection/synthesis --
8. Deleuze and Hegel on the limits of self-determined subjectivity / Simon Lumsden --
9. Desiring-production and spirit: on anti-Oedipus and German idealism / John Russon --
10. Hegel and Deleuze: the storm / Juliette Simont --
11. Limit, ground, judgment --
syllogism: Hegel, Deleuze, Hegel, and Deleuze / Jay Lampert --
12. Hegel and Deleuze on life, sense, and limit / Emilia Angelova --
Part 3. Conjunctive synthesis --
13. A criminal intrigue: an interview with Jean-Clet Martin / Constantin V. Boundas.