13.11.11



Deleuze s'est intéressé à la musique en philosophe, et, si la musique n'a pas fait l'objet d'un ouvrage spécifique, celle-ci occupe néanmoins une place privilégiée dans sa pensée. Comme il s'est tourné vers le cinéma, la peinture ou la littérature pour élaborer sa philosophie, la musique est pour lui l'occasion d'une rencontre spécifique avec les champs opératoires propres au musical. On en repère les effets dans son oeuvre avec, par exemple, les notions de multiplicités spatiales et temporelles, de codage et de transcodage, de pensée par diagrammes ou d'affects.
Au cours de ces journées itinérantes, nous proposerons un état des lieux de l'approche du musical par Gilles Deleuze, domaine qui n'a pas encore fait l'objet d'une recherche approfondie en France. En effet, il a très souvent fait référence au corpus de la musique contemporaine, largement convoqué de Berg à Messiaen, de Boulez, Berio, Xenakis à Cage et Steve Reich. C'est d'ailleurs à l'ensemble des signaux sonores et à leur expression dans l'espace et dans le temps qu'il porte une attention renouvelée.
Nous examinerons dans un mouvement croisé l'impact de ces outils de pensée sur la recherche et la création contemporaine en musique. Il s'agit, non seulement de se demander comment Deleuze s'inspire et s'instruit de la pratique musicale qui lui est contemporaine, mais aussi de montrer quelle incidence les lectures de ses textes ont sur la création, la musicologie, l'esthétique musicale, l'ethnomusicologie, les techniques et les technologies…
Le séminaire contribuera à établir le contexte historique, à explorer les références musicales, à élucider les rencontres avec la musique, dans l'oeuvre du philosophe, mais aussi à parcourir ces interférences entre musique et philosophie, avec les inflexions et tensions qui s'en dégagent pour la musique aujourd'hui.