25.2.12

Félix Guattari: Lignes de fuite. Pour un autre monde de possibles - (Editions de l’Aube, Fr, Novembre 2011)





Lignes de fuite - Pour un autre monde de possibles
Par Félix Guattari



“Quand une nouvelle forme de lutte ou d’organisation s’invente, ça se propage à la vitesse de l’audiovisuel”, prédisait Félix Guattari en 1979.
Dans ce texte retrouvé par ses enfants après son décès, Félix Guattari analyse comment la production, la codification et la communication de signes dans le système capitalistique assujettissent les acteurs sociaux sur le plan économique et social ainsi que sur celui de la subjectivité. Cette “dictature” des significations et des comportements dominants conduit Félix Guattari à proposer, à la suite de ses travaux avec Gilles Deleuze, une micropolitique émancipatrice. Sa position novatrice est plus que jamais d’actualité au coeur de la crise écologique, politique, économique et sociale, que le monde traverse aujourd’hui.

Sommaire:
ASSUJETISSEMENT SEMIOTIQUE ET EQUIPEMENTS COLLECTIFS

L’inconscient n’est pas structuré comme un langage
Où commencent, où finissent les Equipements collectifs
La révolution capitalistique

L’ANALYSE PRAGMATIQUE DE L’INCONSCIENT SOCIAL

La pragmatique, enfant pauvre de la linguistique
La pragmatique comme micro-politique des formations linguistiques

UN EXEMPLE DE COMPOSANTE PRAGMATIQUE : LES TRAITS DE VISAGEITE

De la visagéité
La hiérarchie des comportements chez l’homme et l’animal
La sémiotique du brin d’herbe
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 Robert Maggiori, Liberation, 19/1/2012,:


Lignes de fuite, rédigé en 1979-1980 - avant Mille Plateaux - est un ouvrage théorique d’importance. Outre le lexique, la furie néologique et le style de Guattari, reconnaissables à mille lieues («agencements collectifs du désir», «cartes et rhizomes», «reterritorialisation», «accélérations sémiotiques», «schizoanalyse»), on y trouve l’essentiel de sa pensée, dont le label pourrait être celui de transversalité, qui lui fait découvrir des connexions inédites, fabriquer des passerelles et des interactions entre individus, groupes, mouvements, investissements libidinaux, domaines du savoir, pratiques sociales et politiques. Dans la préface, Liane Mozère résume la question que pose Lignes de fuite : «Comment agir dans le capitalisme mondial intégré afin de faire advenir des possibles ?» On devine que, pour y répondre, Guattari ne rédige pas des manifestes politiques. Il démonte ce que Michel Foucault nommait déjà la «microphysique des pouvoirs», la façon «moléculaire» qu’a le pouvoir non seulement d’investir, pour les rendre inaltérables, les institutions politiques, mais aussi la subjectivité, que des règles de langage, des codes, des valeurs, des protocoles assujettissent aussi bien et rendent conformes aux intérêts du pouvoir. Aussi commence-t-il par le «fond» même de cette subjectivité, à savoir l’inconscient, lequel, «ni individuel ni collectif», n’est pas, comme le pensait Lacan, «structuré comme un langage», mais comme «une multiplicité de modes de sémiotisation».